![](./UPLOAD/6D17DBCC18db929C8EyMEC44F1B0/203.gif)
Bouse de recherche/Mission Stendhal de linstitut français.
Le projet d'écriture (septembre 2016)
Projet décriture
Pim Pim est une cérémonie traditionnelle menée chaque année par le peuple Ava Guarani Chané au cours de la période de la récolte. Il est lune des expressions indigènes les plus importantes qui ont survécu au processus dacculturation subit par les peuples autochtones en Argentine.
Je souhaite faire une expérience de vie au sein de leur communauté, située à la frontière de lArgentine et de la Bolivie, dans la province de Salta.
Aller à la rencontre de leur savoir-faire manuel et de leurs rituels encore préservés par leur vie en retrait du monde civilisé, au milieu dune nature effervescente.
Je songe à mon petit carnaval breton qui existe encore aujourdhui mais qui sest substitué à un carnaval « nouvelle génération » ou le « San ar Lard » est désormais inspiré des héros des films danimation.
Lémotion si puissante de ces moments de mon enfance ne ma pas quitté.
Celui où nous accompagnions en cortège multicolore emmené par le « bagad », le géant de paille jusquau vieux pont de pierre, lieu traditionnel dune mort annuelle annonciatrice de la fin de lhiver et de larrivée du printemps, limage de « San ar Lard » enflammé se tordant de douleur avant dêtre jeté dans la rivière!
Je souhaite aller à la rencontre de cette communauté préservée, assister à la fabrication des ces masques, creusés dans un bois tendre de « palo borracho » et peints avec des couleurs obtenues avec des pierres ou des herbes, et qui sont la représentation danimaux domestiques, sauvages ou imaginaires.
Le peuple Chané fabriquait ces masques à lorigine pour un rituel sacré de remerciement à la « Mère Nature », la « Pachamama ».
Participer à la création des masques pour mieux ressentir leur portée symbolique.
Avoir une approche à la fois manuelle et intellectuelle.
On peut penser que dès lenfance nous apprenons à porter un masque, il permet de faire « bonne figure », il a un rôle social, de protection, avec le danger parfois quil usurpe notre identité profonde.
Renouer avec lorigine du carnaval.
Pendant le rituel masqué chacun se promène masqué ou grimé, se cache derrière son masque pour faire ce qui lui ait interdit en temps normal.
Les conventions et les règles sociales sont modifiées, bousculées et oubliées pendant le carnaval.
Cest lintrusion du monde sauvage dans le monde civilisé, du désordre dans la vie réglée.
La rencontre du passé et du présent, avec ce rituel nous exorcisons ou célébrons nos anges ou nos démons, grâce à la personnification de nos désirs, échecs, et peurs.
Quelque part en Bretagne on brûle publiquement avant de le jeter dans la rivière un mannequin de paille à qui on attribue tous les maux de lannée écoulée, cest un bouc émissaire. Dans le Nord Ouest argentin, les Chanés sacrifient leurs masques qui sont également jetés dans la rivière à la fin de la cérémonie.
Porter ces masques pour conjurer le mauvais sort et détourner les influences maléfiques.
Car imiter le sauvage revient à lui couper les griffes!
Cest une réflexion sur la place de lanimal sauvage que lon retrouve dans la littérature enfantine et sa symbolique selon Freud ou Bettelheim, dans « la psychanalyse des contes de fée ».
Réfléchir aux notions « dhomme sage », « homme sauvage » où comment léducation tend à effacer la part « sauvage » qui est en nous.
Lartiste ou créateur ne doit-il pas justement tenter de préserver cette part sauvage, afin de « sextraire » de notre société normative pour garder son libre arbitre?
Sensibilisée par ces questions, limmersion me permettra dembrasser pleinement ces thèmes de recherches à la fois manuels et intellectuels et de nourrir la création de mon prochain livre pour la jeunesse.
En 2010, jai imaginé « Douze » un album pour la jeunesse entièrement réalisée, daprès la création de mes dessins, en broderie par la Maison Le Minor en pays bigouden. Ce livre parle du lien damour, doù le choix du fil brodé pour le réaliser.
Mais cest aussi un livre engagé, cette technique artistique traditionnelle est en voix de disparition.
Très sensible aux Arts Humbles, ce livre sinscrira dans mon souci permanent dattirer lattention et sensibiliser le public à des pratiques artistiques en voix de disparition, méconnues ou dévalorisées.
A travers lhistoire de lart on voit que lartisanat a été tour à tour élevé au rang de lart comme méprisé.
Depuis quelques années je suis particulièrement touchée par le fait de voir enfin élevé au rang dart contemporain ce qui était « classé » art brut ou art naïf, en témoignent de nombreuses expositions et un regain dintérêt.
Le retour à lHumain, au singulier, à limperfection est sans doute le besoin de contrebalancer notre monde connecté, instantané, virtuel et stéréotypé.
Images Gwen le Gac ©